J’ai fixé une mangeoire pour oiseaux sur mon balcon. Une jolie mangeoire, avec un petit toit qui protège un silo vitré, qui permet de voir la quantité de graines qui reste. J’ai versé des graines. J’ai attendu.
Pendant plus de deux semaines, personne n’en prenait et les graines restaient là, intouchées. Aucun oiseau ne s’est aventuré sur le balcon. Je m’en suis attristé. Puis, un jour, en lisant sur le canapé, j’ai aperçu les couleurs vives d’une mésange qui explorait la mangeoire. Une seule mésange, furtive, qui m’a remplie de joie. Une joie calme, mélancolique presque. Elle a picoré deux ou trois graines, puis elle est repartie.
Il en est arrivé d’autres par la suite. Plus nombreux chaque jour. Un rouge-gorge parfois, rarement d’autres mésanges, mais surtout des moineaux. De gros moineaux bien repus qui viennent se gaver de graines, qui s’attardent, qui fouillent même sur le sol du balcon et qui semblent faire peur aux mésanges. Je me lasse un peu des moineaux. J’aimerais faire un panneau sur mon balcon :
— Réservé aux rouge-gorge et aux mésanges.
En ayant observé ces animaux, je me suis dit qu’écrire des livres et les publier ressemblaient bien à l’acte d’accrocher une mangeoire pleine de graines. Tu écris, et tu écris, on t’édite, et tu attends. Et puis, il arrive tout un tas de choses.
