Le bien fait du bien. Le bien est confortable. Le bien est souvent masturbatoire. Nietzsche préconisait de ne point distinguer le bien du mal, préférant distinguer le bon du mauvais.
Le bien est juste. Le bien est à propos. Le bien est à point. On approuve du bien.
Le bien est utile et quantitatif. Il y a bien des années que c’est bien beau et, si l’on veut bien, bien malheureux. On a bien raison.
La langue française, bizarrement, lie l’idée du bien éprouvé à la possession. Le good anglais pointe le même fond pernicieux du bien. Tout comme le Gut allemand. En tchèque, dobro ne revoie qu’à une « satisfaction » qui baigne dans une saumure morale. Le sanscrit lui dédie trois mois distincts. Dharma (धर्म) désigne ce qui est conforme à l’ordre cosmique, et varie en fonction de la caste, du genre, et de l’âge. Śubha (शुभ) est le bien esthétique : il désigne le « beau » et le « favorable ». Hita (हित) est le bien altruiste : il désigne tes actes bénéfiques pour autrui. Le chinois ancien distingue shàn (善), ta douceur à l’égard d’autrui ; dé (德), ton charisme éthique qui inspire le bien aux autres ; et rén (仁), ton sens du lien, qui revient souvent au respect de l’ordre hiérarchique.
Difficile de s’entendre au sujet du bien. Difficile de savoir si c’est bien du bien qu’on parle, et pas d’autre chose.
J’aimerais être quelqu’un bien, et que je peine à comprendre ce que cela veut dire.
