La rencontre avec n’importe quel être humain fait naître en toi un être nouveau, doté d’idées et de désirs nouveaux stimulés par l’autre, articulés à sa particularité. Chaque rencontre donne aussi naissance à un nouveau surmoi.
Tu es donc pluriel. La psychanalyse — prisonnière de l’axiome de l’individu, croyant que l’individu précède la rencontre et qu’un « je » précède l’autre — pense que cette plurivalence du « moi » existe d’emblée et qu’elle est seulement activée par la rencontre. En vérité, ce que l’on appelle « je » n’est ni plus ni moins que le résultat d’une série de rencontres.
La conséquence demeure : tu es une cité en état de guerre civile permanente. La rigidification psychique dans ses diverses formes — rituels religieux, procédures administratives, épopées bourgeoises des bonnes manières, industries totalitaires, tâches répétitives — offre une trêve trompeuse, toujours suivie d’une catastrophe existentielle.
Être conscient de sa plurivalence ne résout pas le conflit interne mais le dote, du moins, d’une certaine fluidité.
cf. identité
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