Au cours de ta vie, tu crées de nombreux sur-toi.
Tu ne rates pas une occasion d’attribuer à une personne des qualités qu’elle n’a pas. Tu te bats pendant des années pour te montrer digne d’elle, en ressemblant à l’image que tu t’en fais. Un jour ou l’autre tu avoues le décalage. Tu te rends compte de la distance qui sépare l’autre en soi et l’autre en toi. Comme si, après avoir recherché le Nord, tu te rendais compte que tu n’avais suivi, jusque-là, que sa contrepartie magnétique.
Étrangement, tu ne changes pas de cap. La personne disparaît — du moins de son socle — mais la lumière demeure. Tu la suivras jusqu’à ta mort, ou jusqu’à ce qu’un autre ne s’anime à l’horizon.