Il est devenu habituel que l’on s’offusque qu’un adulte gronde, félicite, punit, récompense — bref, éduque — un enfant s’il n’est pas son parent. Même les enseignants tombent sous le coup de cette offuscation. On fait de l’éducation, c’est-à-dire de la constitution de l’enfant en sujet politique, une affaire privée. Or, une amélioration de la condition de la parenté, et en particulier celle de la femme, n’est pensable que dans la mesure où l’éducation des enfants devient une affaire sociale, une affaire publique. Une femme ne peut pas devenir autre chose que mère tant que l’on n’admet pas qu’elle peut être subsituée dans son rôle de mère, non pas seulement par le père, mais par n’importe quel adulte. Tant que l’on n’envisagera pas l’éducation des enfants comme relevant de la compétence de tous, il est vain de parler d’égalité socioprofessionnelle.
