Le terme « cérébral » est péjoratif dans la plupart des usages ; il contient l’intention de blesser celui dont on insinue qu’il s’adonne à des calculs menaçants à l’écart des émois du monde. Pourtant, tous les cérébraux que j’ai rencontrés font preuve, au contraire, d’une sensibilité exacerbée, d’une fragilité, d’une soif du réel, d’un effort soigneux et inquiet lorsqu’ils effleurent les faits, veillant à ne pas les brusquer par des mots irréfléchis, ou par une conscience trop obtuse qui écraserait leur spécificité. L’être cérébral échafaude des édifices de concepts interconnectés, parce qu’il a besoin d’une ossature ; parce qu’elle se dote ainsi d’articulations à elle nécessaires pour se mouvoir dans un monde dont la complexité l’affole, et dont s’émeuvent les plus fines extrémités de ses nerfs.
cf. cerveau.