Le monde est un ensemble fondamentalement inhomogène. Un amas infini d’éléments infinitésimaux ouvrant leurs qualités inactuelles sur ce qu’ils ne sont pas, et qui se réalisent de proche en proche. Son centre est partout.
Chaque chose ne peut être perçue que dans un contexte, et chaque contexte renvoie à un autre contexte d’apparition possible de la chose. Les contextes renvoient toujours à d’autres contextes, selon le principe d’une infinité ouverte. Le vaste contexte de renvois est ce que Husserl désigne comme « monde ». La foi dans la perception est d’emblée une foi dans le monde.
En d’autres termes — et même lorsqu’on essaie de le regarder de près — le monde est toujours nécessaire dans sa totalité pour rendre possible ne serait-ce que la plus banale des qualités de la plus infime chose.
Pour fonder une ville, les Étrusques créaient un mundus circulaire, délimité au sein d’un espace jusqu’alors indifférencié par une tranchée creusée à l’aide d’une charrue de bronze, tirée par un bœuf blanc. Pour fonder Rome, Romulus aurait attelé une vache et un bœuf à la même charrue afin de creuser un sillon qui démarquait la frontière future, le futur mur. C’était là une manière cosmique par excellence de faire monde.