Le cerveau est, comme tout organe, un connecteur de réalités. Par cette synthèse seulement, il est le « siège » de la volonté humaine.
À prendre au pied de la lettre les déclarations de la neuroscience, il est le sujet du corps. Voyons-le donc comme un être à la fois animal et végétal, dont les racines et le feuillage sont les organes. Un flux extravagant partant de ces extrémités s’anime en direction du centre pour y éclore, transfiguré en l’admirable structure de la matière grise. Au fil des millénaires de variations, il a atteint les formes les plus étonnantes, des fugues de formes échappant à tout but — partant de rien, d’une racine spinale.
Le monde s’imprime dans le cerveau. Mais l’hérédité génétique de sa structure le prédispose à ne se laisser imprimer que d’une manière qui lui est propre. Ainsi, à son tour, l’impression qu’il laisse dans la matière du monde portera la trace des structures cérébrales de ses géniteurs. La continuité matérielle du monde et la continuité génétique des cerveaux sont à l’origine de ce que l’on appelle la stabilité. L’hérédité des structures cérébrales implique aussi une transmission non verbale d’une image du monde, d’une vérité, d’une manière de voir. Tout cela, le cerveau l’hérite de ses géniteurs. Mais ce n’est pas là son seul héritage. Il hérite toujours d’une parole, aussi.
Le cerveau n’est qu’un point de transition de la conscience.
Le cerveau ne peut pas se comprendre lui-même. Il dira toujours « lui ».
cf. encéphalisation