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parole

De la parole (λόγος), c’est-à-dire de celle qui traverse l’univers, qui sort de sa bouche et que certains répètent, Héraclite d’Éphèse dit : 

— Car bien que toutes choses se produisent conformément à cette explication, ils sont comme des gens dépourvus d’expérience, même lorsqu’ils s’essaient à des gestes ou à des paroles tels que moi je les rapporte, lorsque je définis chaque chose selon la nature et dis comment elle est ; mais le reste des hommes échouent à comprendre ce qu’ils font éveillés, tout comme ils oublient ce qu’ils font durant leur sommeil. (/​τοῦ δὲ/​λόγου τοῦδ’ ἐόντος εὶ ξύνετοι γίνονται ἄνθρωποι καὶ πρόσθεν ἢ κοῦσαι καὶ κούσαντες τὸ πρῶτον· γινομένων γὰρ (πάντων) κατὰ τὸν λόγον τόνδε πείροισιν ἐοίκασι, πειρώμενοι καὶ ἐπέων καὶ ἔργων τοιούτων, ὁκοίων ἐγὼ διηγεῦμαι κατὰ φύσιν διαιρέων ἕκαστον καὶ φράζων ὅκως ἔχει. τοὺς δὲ ἄλλους νθρώπους λανθάνει ὁκόσα ἐγερθέντες ποιοῦσιν, ὅκωσπερ ὁκόσα εὕδοντες ἐπιλανθάνονται) 

Ainsi le rapporte Sextus Empiricus. 

Lao-Tse postule que le Tao dont on peut parler n’est pas le Tao éternel. 

De la parole (chant), Carlos Castaneda écrit le 10 septembre 1964 : 

— En écoutant les gens chanter les chants du protecteur on peut facilement distinguer les imposteurs. Seuls les chants inspirés sont de lui, ce sont ceux qu’il a enseignés ; les autres ne sont que des copies de chants appartenant à d’autres hommes. Les gens sont parfois capables de ces tromperies. Ils chantent les chants des autres sans même en connaître le sens.

La parole prononcée est à la source de l’hypostase du sujet. L’identité est un phénomène linguistique de la parole. Il est de l’habitude du tyran de parler au nom de ses sujets, car il les confine ainsi dans une identité qu’il peut s’approprier. Mais il est aussi de l’habitude de l’être aimé de parler au nom de l’être aimé, car il lui fait place en dehors de ce qu’on en dit. 

La parole entendue est une pluie de sons, perçue de manière différente par chaque peau. Il faut parfois se satisfaire de parler, pianoter les mots sur les peaux sans tenter de les écrire. Il faut parfois se satisfaire à ton tour de sentir sans tenter de faire sens. Laisser respirer, à l’occasion d’une promenade dans le désert, le parchemins tatoué de te peau. Tu entendras autant de fois autant de mondes. Et si tu te retrouves sans peau et sans corps, l’espace lui-même se chargera d’accueillir l’orage d’été.

cf. écholalie

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