
— Mais tu ne te souviens plus ? s’écrie l’ancêtre. Tu as toujours aimé les bonbons !
Perplexe que tu déclines poliment celui que l’on te présente dans une coupelle en céramique belle époque.
Sans doute est-ce de l’affection. Sans doute est-ce là une manière de conserver le lien :
— Sois donc celui que j’ai toujours aimé ! Ou du moins, fais semblant de l’être.
Mais il y d’autres étonnements.
— Tu as toujours bégayé !
par exemple.
— Donc bégaie pour nous ! Retrouve les tics de ton enfance ! Contorsionne-toi dans ce malaise délicieusement familier ! Sois celui que tu as toujours été pour nous ! Joue le rôle que nous avons assigné ! Tire la gueule que nous t’avons fabriquée.
— Et toi, le Kényan ! Habille-toi en Maasaï ! Peins ton corps ! Tresse tes cheveux ! Jette ton téléphone portable ! Redeviens l’homme des savanes que tu as toujours été
pour nous.
Sauve-nous de l’impression de te perdre !
Sauve-nous de l’impression d’être perdus dans le temps qui use les faits.
Préserve notre identité.
Sacrifie à notre nostalgie !