— Oh les beaux jours ! n’est-ce pas ? « Ce beau rivage, paré des seules mains de la nature, vers lequel on tourne incessamment les yeux, et dont on se sent éloigné à regret. »
Quelle meilleure forteresse dans un monde récalcitrant à ton existence qu’une île pas trop loin des côtes ! Le nautonier se meut si léger grâce à la portance de l’eau, même si son cœur est lourd. Il possède en l’île un lieu de repli. Et il est si facile de se comporter en saint à l’écart du monde et des bruits de la ville, où l’on ne voit que « des murs, des rues et des crimes» ; si évident d’être juste à l’abri de ces rencontres avec l’autre qui font surgir, en n’importe qui, tout ce qu’il se défend d’être.
Jean-Jacques Rousseau ne retrouvera des conditions pareilles que dans la tombe qu’on lui bâtira sur une petite île dans l’étang de René de Girardin à Ermenonville. L’île de Saint-Pierre dans le lac de Bienne, où il avait passé les « deux mois les plus heureux de sa vie » devint péninsule dès 1878 suite de la correction des eaux du Jura.
L’île, quant à elle, se soucie peu du paradis que tu y trouves. Pourtant tu trouves.