1.
On appelle démons ceux qui viennent d’ailleurs et qui menacent l’intégrité d’une communauté parfaitement structurée. Pour les Romains, les barbares étaient les démons venus des terres du Nord-Est. Les Européens furent pour beaucoup, dès le 15e siècle, les démons venus de la mer.
Et qui seront leurs démons du troisième millénaire ?
Les revenants ? Les démons venus du ciel de Manhattan ? Le quadrupède Béhémoth ? Le poisson Léviathan ? L’oiseau Lyx ? Méfie-toi des images ! Le vrai nom du démon est souvent « l’autre », simplement, voué à la damnation.
2.
Ce qu’on appelle ton statut social ne dépend pas d’une quelconque formation ou savoir-faire, mais du nombre de névroses que tu as réussi à dépasser ; du nombre de démons que tu as su atteler à ton chariot, plutôt que de les transporter à tes dépens. Peut-être aussi du nombre d’anges que tu as su faire taire. Car l’ange qui parle de ses rêves est déjà un peu un démon.
3.
Les démons aiment jouer aux reproches. Celui, surtout, d’être heureux plutôt que de t’efforcer à devenir quelqu’un. Et plus tu pousses, plus le monde résiste, et tu ne sens que la frustration, l’effort et la solitude de la poussée.