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antiscience

Le fond de pensée de l’antiscience consiste à nier la pertinence de l’édifice scientifique pluricentenaire, socle de nos infrastructures, érigé à l’aide des méthodes d’expériences empiriques reproductibles et réfutables. L’antiscience est une arme politique de tout bord à l’ère de la postvérité, appréciée aussi bien des extrêmes droites populistes que d’une frange de gauche relativiste allergique aux faits.

Personne, cependant, ne gagne à mépriser l’antiscience. Comme tout phénomène social, elle révèle un fait de société, une profondeur importante de son histoire et de ses structures. Comprendre l’antiscience exige la prise en compte de l’imbrication de l’édifice scientifique avec les institutions universitaires et leurs régimes de pouvoir : des institutions historiquement réservées aux classes dominantes ; des institutions dotées de moultes manières — surtout financières, mais non seulement — d’exclure des segments entiers de la société. Remédier à l’antiscience demande de voir d’abord que l’édifice scientifique exclut, par tradition, des formes d’acquisition de connaissances empiriques classiques, à commencer par l’expérience ouvrière des gestes et des situations. C’est dans un plus grand respect de cette expérience pratique des travailleurs de tout domaine — ouvriers, enseignants, guides… — que se trouve le remède à l’antiscience. À l’ère de l’antiscience populiste, je dirais même que l’aptitude à faire preuve d’un tel respect devient une question de survie pour les professionnels de la science.

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