La création des cartes ne se limite ni au papier ni à l’écran. La carte, c’est n’importe quel espace qui donne du sens à un autre espace. Les murs de la galerie des cartes géographiques d’Ignazio Danti au Vatican montrent non seulement des cartes mais aussi des peintures de paysages italiens. En la traversant, tu parcours l’Italie comme si tu marchais sur la crête des Apennins avec, à ta gauche, les régions occidentales et, à ta droite, les régions orientales de la côte Adriatique. La galerie elle-même est une carte. Tout espace intérieur t’offre une lecture de l’espace extérieur qui l’englobe. Visiter l’appartement d’un humain te permet une lecture de son monde. Y séjourner avec lui est un acte de communion. À travers la carte, nous faisons communauté dans l’ici. À travers la carte, nous cohabitons dans l’ailleurs, voire dans l’inconnu. Des millions d’inconnus communient avec toi devant Googlemaps.
J’ai vu un homme courir pour s’échapper de la carte. Un énorme crayon attaché sur son dos continuait à la tracer.
Une bonne carte doit être comme le feu autour duquel on se rassemble, qu’on regarde ensemble, jusqu’à ce qu’il s’éteigne et qu’on fasse un autre feu, une autre carte. Autour d’une telle carte, on peut dire « nous ». Tu gardes le souvenir d’un agréable moment de chaleur.