Il n’y a rien de tel que « l’intérêt de l’espèce ». Seulement des rêves que les individus partagent — des rêves qui se prolongent plus ou moins longtemps, procurant sens, plaisir et angoisse. L’espèce n’est rien d’autre que la part somnambule de notre destin.
« On ne peut se faire d’idée claire de l’instinct », écrit le Baron Georges Cuvier en 1816, « qu’en admettant que ces animaux ont dans leur sensorium des images ou sensations innées et constantes, qui les déterminent à agir comme les sensations ordinaires et accidentelles déterminent communément. C’est une sorte de rêve ou de vision qui les poursuit toujours ; et dans tout ce qui a rapport à leur instinct, on peut les regarder comme des espèces de somnambules ». Son fixisme seul lui permet de formuler les choses ainsi, c’est-à-dire en évitant l’écueil de l’objectif biologique de l’espèce et de la race, à laquelle il croit pourtant. D’une certaine manière, il est en avance sur ceux qui l’enterreront en clamant ne plus croire à la création, mais qui n’y parviennent pas, car ils se mettent à croire à ces objectifs.