Une oeuvre que personne ne parvient à comprendre n’est pas considérée comme une oeuvre, mais comme du chaos aléatoire. Si un humain l’a fabriquée, on l’imagine née d’un esprit malade.
Il y a donc, dans l’art de créer que l’on reconnaît comme tel, une part considérable d’imitation. Et une autre part de combinaison avec d’autres éléments, déformations, dimensions, faits : un art de combiner que l’on appelle « variation ».
Il y a enfin, dans toute création, une part considérable de système.
De tous ces points de vue, la création est une espèce de synthèse qui n’oppose aucune limite à son automatisation, pour peu de disposer d’une masse suffisante de données de base et de matériaux de construction. L’architecture, la littérature, la peinture, se laisseraient aisément produire moyennant quelques contraintes paramétriques et une base de données où puiser dans les formes existantes. En intégrant, dans cette base de données, toutes les formes des règnes animaux, végétaux et minéraux, l’art automatique se transformerait même de manière plus rapide et surprenante, sans doute, que dans sa façon actuelle consistant à former des artistes dans des écoles et dans des mouvements de pensée à dépasser en « créant », et laissant derrière elle une trainée de vieux hommes aigris par leur inadéquation aux nouvelles modes. L’humain post-créatif évoluerait dès lors dans un caléidoscope multisensoriel qu’il n’aurait jamais le temps ni le besoin de déchiffrer pleinement. Le sens serait hasard. Libéré de la prétention de créer, l’humain vivrait heureux. En se pluralisant sans fin dans le multiple, il n’éprouverait jamais de l’ennui dans la rencontre de ses congénères qu’il verrait chaque seconde d’un autre point de vue, révélés par une nouveau prisme artistique.
Le futur de la création est dans l’assemblage de données et la construction d’un meilleur générateur de nombres aléatoires.