À partir d’un certain volume, la connaissance devient obscène : un cahier d’éruditions des temps passés que l’on a soigneusement imbibées de formol et rangées par clefs contingentes.
On organise parfois des tours du panoptique de la connaissance, mais elle ne sait plus comment se tenir, dans quelle subtilité s’enfourguer, ni comment se rendre utile.
Si facilement accessible à tous que tous s’en foutent, et se contentent de compter les points. L’encyclopédie devient l’unité de mesure de la fécondité du temps. L’histoire se ressasse en conjurant ses témoins.
Et sous la surface fluorescente des jeunesses glorifiées de notre époque vit tout un peuple de croque-morts, affairés à rehausser la hauteur des bocaux de formol, à la naissance de chaque chose.
Quand l’étiquette est enfin collée, il ne reste plus qu’à attendre le moment de gloire : celui où l’aiguille pénètre sous la peau et que le formol se répand dans les veines.
Quant à naître dans un bocal à soi : il faudrait que l’on soit génie.
