Il est des interactions à l’intérieur d’un wagon de train à même de remplir d’effroi. C’est que tu vois glisser en place une espèce de normalité féroce de couleur pastel et de la consistance d’un guimauve qui gonfle, et dont l’évidence s’avère à même de remplir le sens de la vie d’un nombre hallucinant d’êtres pourtant humains. Un dispositif bariolé au service de petits escrocs à grande échelle. Personne ne pense à résister lorsque les abonnements du train, du fitness, d’une quelconque antre de boutiquiers se prolongent automatiquement de manière à piéger tout ceux qui auraient voulu se désabonner et qui s’y prennent trop tard, lorsque l’ on scanne ces mêmes cartes d’abonnement un peu partout pour suivre nos mouvements, personne ne gifle la voix maternante de la pétasse robotique des hauts-parleurs qui s’adresse, qui s’octroie le droit de s’adresser à nous, qui s’accapare notre sublime faculté d’entendre et vole des secondes de notre humaine écoute, pour nous rappeler de ne pas oublier de sortir ces cartes d’abonnement comme si cela allait de soi, comme nous étions déjà d’accord d’être scannés.
Il est aussi d’étonnantes séances de formation où personne ne casse la gueule de l’avorton digital qui piège quarante humains dans une salle de séance pour gaspiller, ludiquement, deux heures de leurs sublime faculté de penser pour introduire un système de gestion du travail aussi inutile qu’entièrement décrypté en trois minutes par un cerveau moyennement atrophié. Comme si l’ absence de signes extérieurs de l’enthousiasme ne pouvaient relever que d’un retard, comme si les retardataires devaient apprendre à se mettre au pas, si possible par le moyen d’un jeu débile, d’un évènement de team buiding, d’un workshop, d’une séance d’information animée par d’incultes clowns. Personne ne se lève pour pisser sur la table, personne ne tue quelqu’un : c’est quasiment un miracle ; c’est presque une épiphanie.