Le poulpe se distingue par son système nerveux distribué, par sa faculté de penser par l’ensemble de son corps jusqu’au bout des tentacules.
Le poulpe n’a jamais songé à isoler son âme dans une boîte crânienne, clamaient-ils ; il n’a jamais dénigré l’ici et maintenant éprouvé par ses tentacules au profit d’une pensée réflexive. Le poulpe laisse au monde le soin de se souvenir de lui-même. Jamais la science ou l’architecture ne l’ont séduit. Il est étranger à l’avilissement de l’ambition. La chair du poulpe est muscle pur, elle ne s’accroche à aucune ossature, n’obéit à aucune articulation prescrite. Le poulpe ne se pense pas ; il dédie la totalité de sa pensée à son déplacement à travers l’élément. L’essence du poulpe adhère parfaitement à son existence. Le poulpe est mouvement.