La rue est à la fois chemin et lieu. Tu la traverses pour rejoindre une adresse. L’agencement des rues d’une ville lui donne son sens.
La séparation des vitesses d’une rue la rend plus fluide, mais elle porte atteinte à son caractère de lieu. Elle réduit le mouvement à sa vitesse. Les rapides empêchent les lents, qui ne traversent plus, prisonniers d’un trottoir comme on est prisonnier de la rive d’un fleuve qui te retranche de la rive d’en face.
Les Romains avaient inventé les trottoirs, pour séparer piétons et charrettes. La rue médiévale fut combat des vitesses et des volumes. Le Paris du 17e siècle se revêt de trottoirs pour mettre les piétons à l’abri des voitures à chevaux. Tu pouvais être sali par leur caca, mordu, étranglé ou essuyer un coup de pied de l’animal.
Mais qu’est-ce qui t’attend si tu mets pied dans le trafic de la ville industrielle : dans ces fleuves ardents entre les habitants des quartiers ?
