Depuis le début du vingtième siècle, c’est-à-dire depuis l’avènement de la production de masse, on affuble toujours davantage d’activités humaines par le suffixe « -thérapie ». L’humain triste ne joue plus de la musique, il fait de la musicothérapie. L’humain triste ne monte plus à cheval, il fait objet d’une thérapie équestre. Il ne tricote même plus, il s’octroie une tricothérapie.
Effleurer, sans rien dire ni penser, le corps d’un instrument de musique, toucher le flanc d’une bête ou tenir dans la paume de sa main une pelote de laine, ne sont plus des activités humaines à part entière, mais des temps morts, des temps vides de « repos », de « récupération », de « ressourcement », de « vidage d’esprit ». On a décidé qu’elles ne pourraient avoir de sens autre que celui de réparer le producteur. On a décidé que leur horizon n’est autre que celui du retour à la production de masse, insensée, aveugle et débile, une fois la thérapie aboutie.
Il est temps de sortir de la logique thérapeutique du fordisme et de se réapproprier le sens premier des verbes exister et travailler !