La culture, c’est ce qui s’oppose à la nature pour ceux qui séparent je du monde. Il est des scientifiques de la nature qui pensent que la culture n’existe pas plus que « je » : tout serait chose. Il est des militants de la nature qui trouvent que la culture est une maladie. Il est de ceux qui assimilent la culture à la ville pour s’en enorgueillir ou la haïr. Il est des cultures d’identitaires qui pensent que « je » n’existe qu’en paquets de « nous » identifiables dans leurs gènes (ceux-là pensent que les cultures s’affrontent).
L’idée de culture sert à trop de gens pour être utile à qui que ce soit. Au plus, désigner une culture sert à évoquer un ensemble d’ambiances, des manières récurrentes de faire ci ou ça. Cela ressemble au besoin d’appeler des personnes par leur nom. Sauf qu’il règne une continuité nettement plus fluide entre les cultures qu’entre les individus humains. Leurs frontières spatiotemporelles sont théoriques et floues. Les cultures — au pluriel — rassemblent des humains théoriques. Elles finissent toujours par se dissoudre au contact des idéologues, quand ces derniers cherchent à s’en servir pour leurs ambitions concrètes.
cf. acculturation