J’ai formé le mot « ectologie » en contrepoint à l’ontologie, afin de désigner la science de l’ »ektos »,
L’ectologie est une ontologie statique : elle est la science de ce qu’il y a, c’est-à-dire des choses extérieures (les Grecs appellent de telles choses ἐκτός ou ἐχθός).
Les Lumières de l’Occident furent l’âge d’or de l’ectologie, époque démarcatoire par excellence, qui pose les frontières précises des États sur le globe et découpe le monde en autant de petits bouts à classifier dans les taxinomies. L’ectologie procure une emprise sans précédent sur le monde mais elle disloque ses sens.
Une pensée ectologique se préoccupe des choses sans se soucier de leur émergence ou de leur construction. Elle est par définition une pensée opérationnelle. Renonçant à s’interroger sur ce qu’il y a, elle le réarrange, à défaut de le transformer vraiment. Elle tire de là toute son utilité qui, cela dit, est énorme. Il est impossible de se passer de l’ectologie, comme il est impossible de se passer des choses. Personne ne peut exister seulement dans l’indéterminé. Mais toute chose doit demeurer questionnable.
L’ingénierie est la doxa de la science ectologique.
