La terre est un organe ancestral du vivant ; elle est en même temps l’appareil digestif du vivant, et son coquillage.
— La Terre en elle-même, dans la forme originelle de représentation, écrit le philosophe et mathématicien Edmund Husserl, ne se meut ni n’est en repos, c’est d’abord par rapport à elle que mouvement et repos prennent sens. (cf. géocentrisme)
Suscitant l’inquiétude des mathématiciens, la Terre n’a jamais été une géométrie pure.
Elle est d’abord la terre qui tremble puis la terre bêchée. Terre câblée sous les océans. Terre connectée, parcourue par le courant. Terre-projet. Terre-Carte mère et ses Villes en guise de processeurs de calcul.
Les pragmatiques autoproclamés et autres assassins des fantasques disent d’eux-mêmes qu’ils ont les « pieds sur terre ». Le général Pétain rajouta que « la terre ne ment pas ». Et les haïsseurs de la ville de tout bord reprennent en chœur :
— À bas les cimes, à bas les abîmes, à bas tout ce qui s’élève et à bas tout ce qui creuse ! Quand nous entendons le mot « culture », nous sortons notre Browning.
La terre, quant à elle, nourrit même cette horde qui s’évertue à s’enkyster sur ses flancs. La terre, par nature, s’en fiche. La terre supporte.