Tu ouvres la porte de l’enfance pour retrouver les liens entre les choses.
Elle donne sur un tas de sable dans lequel tu avais l’habitude de voir le Royaume.
Tu constates la présence du tas.
Tu refermes la porte.
Et pourtant tu donnerais tout pour retourner dans la maison, dans le jardin, dans le grenier de l’enfance. Dans ce mobilier des défunts qui souriaient en pétrissant la pâte d’un dessert au nom désuet ou mélangeaient les ingrédients d’un repas dont l’odeur te revient parfois.
Tu donnes tout d’ailleurs. Une économie entière se motive et tourne dans l’espoir d’acquérir un bout d’espace de nos enfances, une île des autres jours. La parfaite collection hipster. La villa à la campagne. Et nous meublons l’île et ça n’adhère jamais tout à fait au souvenir de l’enfance au fond de l’âme et nous mourrons lentement épuisés de la tâche dans l’espoir que cela adhère un jour. En attendant, nos enfants jouent sur l’île et commencent déjà à se souvenir eux aussi, se souvenir de plus en plus.