Dans une extase de soumission, les chrétiens remerciaient Dieu (et le roi) pour la moindre plante qui poussait, et le désignaient comme auteur de son existence.
L’idée contemporaine de l’auteur est très proche de cette conception. Les directeurs de laboratoire, par exemple, figurent comme auteurs de publications scientifiques qu’ils n’ont jamais lues.
De manière plus abstraite, l’auteur est une hypostase fuyante. Avec le temps, il cesse d’être une personne pour devenir personnage de la pensée. L’auteur n’est pas un individu humain. L’auteur est un concept.
L’idée de l’auteur persistera tant que ceux qui écrivent doivent manger par leurs moyens. Tant qu’ils se voient forcés ainsi à jalousement garder leur produit écrit afin de le vendre pour en vivre, au sens le plus quotidien du terme. L’auteur ne sera dépassé que dans le communisme de l’art.