Le musée est un temple dédié à ceux qui ont donné forme à leur amour du monde ; un temple proto-religieux, quoique déjà canonique, quoique déjà ossifiant le beau et le vrai, qui cessent, chacun dans sa ritournelle, d’être vrai et beau devant la foule hypnotisée, paralysée dans son mouvement prescrit, défilant devant ce que l’on a désigné comme étant « à voir ».
Il suffit, cela dit, de sentir l’intention derrière les objets, de sentir, par un exercice de méditation empathique, celui ou celle qui parle, le temps où ils parlent, le lieu d’où ils nous adressent leur objet, désormais exposé. De le regarder comme ce qu’il est, à savoir la trace matérielle de la relation amoureuse d’un je et d’un monde, cristallisée en plein coït en l’absence d’un auteur nommable.