Le trou noir figure parmi les choses les plus remarquables, mais aussi les plus androcentrées du vingtième siècle, d’une manière lisible même par une psychanalyse rudimentaire.
Nous avons d’abord les grandes lèvres de l’univers : une série d’hyperplans continus qui composent la circonférence hyperspatiale d’une étoile : l’élément visible, le point de départ concret de toutes les hypothèses. Les plus audacieux des abstractonautes en dirent que, si l’on y plonge, le temps s’allonge, au point de pénétrer dans l’horizon vulvoïde des évènements, creux prolongé qui renferme le mystère des générations et de l’histoire, inscription atemporelle dans la continuité du temps.
La singularité proprement dite est au-delà du col, et donne accès au lieu des lieux, là où ne pénètre plus l’homme mais uniquement ses sondes, son sperme, son espoir historique, l’essence concentrée de son abstraction. La nature de la sonde est d’être seule capable de traverser la singularité, chemin unique vers l’utérus où apparaît et disparaît l’écume de l’espace-temps. C’est là-bas que le temps naît et, avec lui, le monde.
La voix du siècle suivant — le nôtre — est encore si prise dedans, si simplifiée, qu’elle « n’exprime plus que la résonance du trou noir où nous sommes pris ».