1.
Le souffle déplace l’air. Le souffle c’est ce qui importe, mon emporté !
Les mots que le souffle porte hors de ta bouche sont avant tout des modulations de ta respiration.
Par le souffle, tu conquiers le monde et son temps en restant vivant.
2.
Lorsqu’un humain manque de souffle, il s’arrête ; il n’arrive plus à avancer. Lorsque nous disons qu’un film manque de souffle, nous entendons qu’il nous a laissé en cours de route, car nous n’avons pas été entraînés par son récit. Nous arrêtons de lire un livre qui manque de souffle. Si nous pensons que l’Europe s’essouffle, ce qui la poussait d’aller de l’avant n’est plus, elle veut en « rester là », ce qui, pour un corps politique comme pour un couple, signifie la rupture.
Le repos et le calme intérieur est une source du souffle. Tu n’es coupable de rien. Libère le !
3.
Le « souffle » est si important que plusieurs religions désignent par ce terme le principe qui anime leur cosmos. L’ātman (आत्मन्), dans les religions de l’Inde ; Yahve (יהוה), dans les religions sémites. Même aujourd’hui, un terme comme « psychique » renvoie au souffle (psyché).
4.
Lorsque le souffle est rythmé, modulé, et qu’il porte un message, il devient parole. Le souffle subsiste en elle dans la mesure où chaque mot reste aussi une onomatopée.
Un texte n’est que de la parole transcrite : un souffle que tu conserves, et dont tu te sers le moment venu pour réanimer des idées. Tu conserves le souffle de la parole pour garder les idées en vie.