L’autorité, c’est le besoin insatiable d’être l’auteur du réel. Aspire à l’autorité celui qui est incapable d’art.
L’autorité n’est jamais plurielle. Elle se concentre, et vise l’exclusivité.
Il y a un semblant d’autorité à forcer quelqu’un à faire tel choix plutôt qu’un autre. Un semblant d’autorité à donner à tous la possibilité de choisir, par l’intermédiaire d’un système de communication planétaire, par exemple. Un semblant d’autorité dans la démocratie.
Il existe cependant une autorité plus fondamentale : celle de la définition du système de choix possibles. Cette autorité-là — la seule autorité proprement dite — consiste à établir des faits. C’est l’autorité ontologique de définir ce qu’il y a, et ce qu’il n’y a pas, ce qu’il serait impossible de choisir et ce dont on ne peut même pas discuter.
Et puisque l’autorité ne s’exerce que sur des faits établis, c’est-à-dire, puisqu’elle établit le cosmos sur lequel elle s’exerce, et ne s’exerce que sur ce qu’elle fait être, elle ne s’exerce, tout compte fait, sur pas grand-chose. Les faits privés qui composent l’existence de n’importe quel être lui échappent. L’autorité, dans la mesure où elle possède un sujet, se résume à entretenir un rapport de domination avec ses propres faits privés ; à une manière inquiète de voir le monde.
Les piliers naturels de l’autorité sont l’histoire et le goût. Sa nourriture est le fantasme de s’exercer. L’autorité émerge là où se croisent les regards de la convoitise. Son résultat est la subjugation.