1.
La contraception creuse des canaux latéraux dans le fleuve du destin. Elle laisse circuler l’énergie créatrice ailleurs que dans la formation de nouveaux humains.
Si elle avait été perfectionnée plus tôt, le surplus de la révolution industrielle n’aurait pas été absorbé par l’explosion démographique, mais par la jouissance du temps libre.
2.
La contraception, pour l’organisme nommé « espèce humaine », est un mode d’autorégulation permettant d’atténuer la souffrance de ses individus : elle leur permet d’échapper à la faim et à la guerre dont la surpopulation est la cause première — Peut-être faut-il conclure de l’existence de la contraception que l’organisme « espèce humaine » cherche à être heureux en tant qu’ensemble et dans chacune de ses parties.
3.
Les institutions abrahamiques, en tant qu’organismes, combattent encore la contraception. Non pas, comme leurs membres le prétendent, pour des raisons ouvertement perverses visant à juguler le plaisir sexuel, mais afin de conserver leur raison d’être. Le fond de commerce des institutions abrahamiques consiste à consoler de la guerre et de la faim ; la contraception, qui jugule la source de l’une comme de l’autre, les relègue parmi les chômeurs de l’histoire.
4.
Aujourd’hui la contraception se révèle aussi comme un moyen efficace de stériliser les masses laborieuses sans procéder à la suppression de la sexualité en tant que telle (par cette légère différence, la condition de l’humain moderne s’élève au-dessus de celle des espèces laborieuses d’insectes : termites, fourmis etc.). Elle est, comme d’autres perfectionnements du vingtième siècle, un joyeux instrument d’auto-stérilisation en vue de la productivité de la machine à capital.
Libéré de son rapport aux enfants, l’humain travaille plus et fait gagner plus. Là où le gain se concentre, on rêve d’immortalité.